Quand SUEZ écrit à Gueltas, Ouest-France copie à Pontivy : de Milan à Nanterre, la Bretagne sous-traitée !

Gueltas : les collectifs dénoncent 

un article partiel d’Ouest-France et

décortiquent les coulisses du projet Suez !

Stop incinerateur suez gueltas

Suite à la publication d’un article signé par Ouest-France le 28 mai 2025, consacré à l’enquête publique sur le projet de Suez à Gueltas, AURA Environnement, le Collectif Greenbretagne et le FBCI (Front Breton Contre l’Incinération) décident de prendre la plume. 

Ce qui aurait pu être un simple droit de réponse devient une contre-enquête documentée, moqueuse, mais sérieuse, face à un traitement médiatique jugé caricatural.

"On recycle les déchets, pas la vérité."

L’article donne exclusivement la parole à la commissaire enquêtrice, sans jamais citer les plus de 260 contributions (souvent critiques) de citoyens, associations, agriculteurs et collectifs. On y apprend que certains opposants seraient "extérieurs". 

C’est vrai : les riverains de Noyal-Pontivy, Pontivy ou même Lorient n’habitent pas tous à Gueltas. Mais les porteurs du projet non plus.

Une étude de foudre depuis Lyon, un plan de circulation depuis Nice !

On nous dit que les opposants ne sont pas du cru. Très bien. Mais regardons les "experts" retenus par Suez pour défendre leur dossier :

- L’étude de foudre ? Commandée à 1G Group à Saint-Priest (Rhône), signée Zakari Yahiaoui et Abdallah Oubah.
- Le calcul des flux thermiques ? Réalisé par SAFEGE, dont l’adresse officielle est à Nanterre, comme Suez Consulting.
- L’étude de circulation ? Rédigée par COSITREX, installée 63 avenue Henry Dunant à Nice. Et à cette adresse, on retrouve aussi l’association La Lyre Imaginaire. Peut-être un espace de coworking... ou d’imagination réglementaire ?

"Ils modélisent les camions du Blavet depuis les palmiers de la Côte d’Azur, mais nous, on serait trop loin pour donner un avis ?"

Made in Bretagne ? Pas vraiment.

- Ceetal, fabricant de produits chimiques, a son siège 2 rue des Touristes à Saint-Étienne, avec une usine dans le Lot (46).
- Yara France, fournisseur d’ammoniac, est domicilié à Paris-La Défense.
- COMELT, fabricant italien, intervient depuis Milan.
- ESSO / ExxonMobil, fournisseur d’huiles techniques, opère depuis Courbevoie.

Et pendant ce temps, ce sont les habitants du Centre-Bretagne qui se font accuser d’"interférer".

Contributions favorables : des salariés SUEZ, mais pas des Gueltasiens

Et ce serait nous, les "extérieurs" ? L’argument est même repris dans plusieurs contributions favorables au projet, avec une virulence proportionnelle à leur proximité avec SUEZ. La contribution n°175 parle d’« une association qui n’est pas du secteur », d’un collectif dont elle doute de l’existence, et accuse les opposants de vouloir « réécrire la loi ».

Un autre (n°183) moque « un contributeur qui s’institue maître à penser de tout un village, voire de la France entière », tandis qu’une salariée SUEZ (n°219) ironise sur notre soi-disant "Tour de France"... sans rappeler que son propre employeur est installé à Nanterre, et sous-traite à Nice, Milan, Saint-Priest, Saint-Étienne ou Cambes !!!

Ce serait risible si ce n’était pas à ce point repris, sans filtre, par un journal comme Ouest-France.

L’argument du “vous venez d’ailleurs” devient franchement risible lorsqu’on examine les contributions favorables. Plusieurs sont signées par des salariés de SUEZ, clairement identifiés dans le registre de l’enquête publique, sans lien de résidence avec Gueltas.

- Contribution n°183 : "En tant que salarié travaillant sur le site, je connais le professionnalisme de SUEZ..."
- Contribution n°184 : "Je suis salarié travaillant sur le site et j’émets un avis favorable..."
- Contribution n°8 : Nicolas Blanchard, salarié favorable au projet (sans indication de résidence).

Et la contribution n°223 résume parfaitement la situation :
"Je ne suis pas étonnée que les employés de SUEZ soient favorables au projet, ils prêchent pour leur paroisse. Mais il est important d'être vraiment objectif et de considérer les vrais dangers de ce projet. Ces salariés de SUEZ ne vivent pas à GUELTAS..."

Ouest-France, local avec ses articles, global avec ses abonnés !

Le journal qui nous reproche de ne pas habiter Gueltas revendique fièrement plus de 600 000 abonnés, dont une partie significative en dehors de la Bretagne. Quand il s’agit de diffuser ses contenus ou de vendre de l’information, Ouest-France n’exige pas de justificatif de domicile breton.

Mais quand un citoyen engagé ose s’opposer à une multinationale dans le Morbihan, il faudrait qu’il présente sa carte de riverain ? Deux poids, deux mesures.

L’ironie comme réponse à l’oubli !

Plutôt que de mendier un droit de réponse à la marge d’un article, les collectifs ont choisi l’ironie. Une presse libre n’est pas une presse univoque. Et quand les silences valent plus que les mots, il est temps de les combler.

COMMUNIQUE DE PRESSE suite à l'article d'Ouest France du 28 MAI 2025

Une enquête publique bien verrouillée ?

Le 28 mai 2025, le journal Ouest-France publie un long entretien avec Anne-Marie Carlier, commissaire enquêtrice désignée pour le projet Suez à Gueltas. Sous couvert d’information neutre, cet article est en réalité un exercice de communication institutionnelle, voire de propagande, au service du porteur de projet.

Nous dénonçons cette tribune biaisée et silencieuse sur les enjeux réels du dossier.

1. Une présentation trompeuse du projet

L’article parle d’un « projet de recyclage et de valorisation énergétique », reprenant sans recul le vocabulaire marketing de Suez. Il ne s’agit pourtant ni d’un projet de recyclage, ni d’une démarche écologique vertueuse.

- Il s’agit d’une installation d’incinération de CSR (Combustibles Solides de Récupération), déchets ultimes composés de plastiques non recyclables, issus du tri. Ce n’est pas une chaufferie bois, malgré ce que prétend parfois la mairie de Gueltas. Il s’agit d’un projet classé ICPE (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement), avec des risques avérés pour la santé, l’air, l’eau et les sols.

Aucun mot sur ces réalités dans l’article. Pas un mot sur les inquiétudes exprimées par les collectifs citoyens, les associations locales, les agriculteurs ou les riverains.

2. Une commission d’enquête loin de l’esprit démocratique

La commissaire enquêtrice se présente comme une retraitée expérimentée, ayant traité 77 dossiers. Elle explique qu’elle « décrypte les contributions » avant de rendre un « avis motivé », puis disparaît.

Mais au lieu de se poser en facilitatrice du débat public, elle critique à demi-mot les citoyen·nes qui ne seraient pas du territoire. Elle suggère que seules les contributions locales devraient compter. Une telle conception contredit la portée nationale du droit à la participation, garanti par la Convention d’Aarhus et le Code de l’environnement.

Que fait-on des ONG environnementales nationales ? Des collectifs bretons solidaires ?

Des scientifiques ? La pluralité des points de vue n’est pas une anomalie, c’est une richesse démocratique.

3. Un article sans aucun contrepoids

Le journaliste n’interroge aucun représentant d’association, aucun élu opposé au projet, aucun citoyen engagé. Où sont les voix de l’AURA Environnement, d’Eau & Rivières de Bretagne, du Collectif Greenbretagne, des riverains mobilisés depuis des mois ? L’entretien devient un monologue validant la méthode, le fond et le calendrier du projet.

- Ce n’est pas de l’information. C’est une validation implicite d’un projet contesté, par un journal qui se veut régional mais oublie sa responsabilité sociale et écologique.

4. Un calendrier fait pour l’amnésie estivale

On apprend que le rapport final sera rendu au préfet le 5 juillet 2025. À cette date, la commissaire enquêtrice « n’existe plus ». L’État pourra faire ce qu’il veut de l’avis, même s’il est négatif.

- Le préfet pourra passer outre un avis défavorable, en le « justifiant largement ». Traduction : l’avis de la population n’est pas contraignant, il n’est qu’un ornement légal.

- Le choix du 5 juillet n’est pas neutre. C’est le début des vacances d’été. Le moment où les mobilisations faiblissent. Une stratégie de calendrier bien connue des industriels pour faire passer en douce les projets les plus impopulaires.

5. Nous, nous continuerons à parler, à alerter, à agir

Nous ne laisserons pas l’avenir de Gueltas se décider dans l’ombre des préfets, des experts désignés et des conseils municipaux sous influence. Nous demandons :

  • un débat public réel sur les risques du CSR,
  • une transparence totale sur les parcelles impactées (y compris les servitudes d’utilité publique),
  • une enquête indépendante sur les impacts sanitaires, agricoles, hydrologiques,
  • le rejet pur et simple du projet Suez, incompatible avec les engagements climatiques et les trajectoires “zéro déchets” de la Bretagne.

Nous refusons que la démocratie soit confisquée au nom du “recyclage” quand il s’agit d’incinération. Nous refusons que la presse serve de relais docile à un projet industriel aussi destructeur. Nous ne nous tairons pas.


Marc-Claude de PORTEBANE 
Président d’AURA Environnement 
Porte-parole des Collectifs Greenbretagne et
FBCI (Front Breton Contre l'Incinération)

 

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